N4 – Narcose

En tant qu’encadrant de plongées profondes jusqu’à 40 mètres, il est essentiel de maîtriser le sujet de la narcose à l’azote, aussi appelée “ivresse des profondeurs”. À cette profondeur, les plongeurs peuvent ressentir les effets narcotiques de l’azote, qui peuvent altérer leur jugement, leurs capacités motrices et leur sécurité. Ce cours vous aidera à comprendre le phénomène, à anticiper ses risques, à adopter la conduite à tenir en cas de problème, et à transmettre des mesures préventives aux plongeurs sous votre responsabilité.

Définition de la narcose à l’azote

La narcose est une altération des fonctions mentales et physiques causée par l’effet anesthésiant de l’azote sous haute pression. Ce phénomène se manifeste à partir de 30 mètres et devient plus marqué à 40 mètres et au-delà.

  • L’azote, sous pression accrue, agit comme un dépresseur du système nerveux central, perturbant la transmission des signaux nerveux dans le cerveau.
  • Bien que la narcose soit réversible (en remontant), elle peut entraîner des comportements dangereux si elle n’est pas gérée correctement.

Mécanismes de la narcose à l’azote

  1. Pression partielle de l’azote :
    • Plus la profondeur augmente, plus la pression partielle de l’azote dans l’air respiré s’élève.
    • À 40 mètres, la pression partielle de l’azote est environ 5 fois plus élevée qu’en surface, ce qui amplifie son effet narcotique.
  2. Action sur le système nerveux central :
    • L’azote agit sur les membranes des neurones, ralentissant leur activité.
    • Cela provoque une sensation d’euphorie, de confusion mentale, ou d’altération des capacités motrices.
  3. Affectation progressive :
    • La narcose agit comme une intoxication légère au début, mais peut devenir invalidante si le plongeur continue de descendre.

Symptômes de la narcose

1. Symptômes cognitifs et émotionnels

  • Perte de lucidité ou confusion.
  • Difficulté à résoudre des problèmes simples (lecture d’un manomètre, gestion de la profondeur).
  • Euphorie excessive ou, à l’inverse, anxiété.
  • Perception altérée du temps et des distances.

2. Symptômes moteurs

  • Ralentissement des mouvements.
  • Maladresse ou incapacité à manipuler l’équipement correctement.
  • Perte de coordination, pouvant entraîner des mouvements désordonnés.

3. Symptômes physiques

  • Vertiges ou désorientation spatiale.
  • Vision floue ou champ visuel réduit (“vision en tunnel”).
  • Sensation de lourdeur ou fatigue.

4. Comportements dangereux possibles

  • Négligence des signaux de sécurité ou des consignes.
  • Prise de décisions irrationnelles (remonter trop vite, ne pas surveiller son air, etc.).
  • Refus d’assistance, pouvant aggraver la situation.

Facteurs favorisant la narcose

En tant qu’encadrant, vous devez être capable d’identifier les facteurs de risque pour anticiper et prévenir les problèmes :

  1. Profondeur et pression : Plus la profondeur augmente, plus la narcose est prononcée. Elle est particulièrement perceptible à partir de 30-40 mètres.
  2. Stress et fatigue : Un plongeur stressé ou fatigué est plus vulnérable aux effets narcotiques.
  3. Effort physique : Nager contre un courant ou porter un équipement lourd augmente la consommation d’air et favorise l’accumulation de CO₂, ce qui accentue la narcose.
  4. Température de l’eau : L’eau froide amplifie la fatigue et le stress, augmentant le risque de narcose.
  5. Expérience et condition physique : Les plongeurs peu expérimentés ou en mauvaise condition physique sont plus susceptibles d’être affectés.
  6. Alcool ou substances psychoactives : Une consommation récente d’alcool ou de drogues peut exacerber les effets narcotiques.

Conduite à tenir en cas de narcose

1. Reconnaître les signes de narcose chez un plongeur

  • Surveillez les comportements irrationnels, les réponses inappropriées aux signaux ou les maladresses.
  • Soyez attentif aux signes de confusion ou de désorientation.

2. Intervenir rapidement

  • Stabilisez la situation : Si possible, immobilisez le plongeur à la profondeur actuelle pour éviter une aggravation.
  • Remontez progressivement : La narcose disparaît dès que la pression diminue. Remontez lentement jusqu’à une profondeur où le plongeur récupère sa lucidité (généralement au-dessus de 30 mètres).
  • Maintenez la communication : Utilisez des gestes simples et répétés pour évaluer l’état mental du plongeur (par exemple, signe “OK”).

3. Surveillez le groupe

  • En tant qu’encadrant, gardez un œil sur l’ensemble du groupe. Un plongeur sous l’effet de la narcose peut représenter un danger pour lui-même et pour les autres.

4. Arrêtez la plongée si nécessaire

  • Si la narcose persiste ou si le plongeur est incapable de récupérer, mettez fin à la plongée de manière contrôlée et sécurisée.

Prévention de la narcose en plongée à 40m

1. Limitez la profondeur et la durée

  • Ne dépassez pas 40 mètres, la limite pour les plongées à l’air. Envisagez l’utilisation de mélanges gazeux adaptés (Nitrox ou Trimix) pour les plongées plus profondes.

2. Planifiez soigneusement la plongée

  • Élaborez un plan de plongée clair, incluant des points de vérification réguliers (par exemple, à 30 mètres pour détecter les premiers signes de narcose).
  • Anticipez les conditions environnementales (courant, température, visibilité).

3. Adaptez l’effort physique

  • Minimisez les efforts inutiles : assurez-vous que les plongeurs maîtrisent leur flottabilité et utilisent des techniques de nage économes.

4. Sensibilisez les plongeurs

  • Expliquez les symptômes de la narcose et les actions à entreprendre si elle survient.
  • Apprenez-leur à reconnaître leurs propres limites et à communiquer tout malaise.

5. Favorisez une bonne condition physique et mentale

  • Évitez la plongée si un plongeur est stressé, fatigué ou en mauvaise santé.
  • Interdisez la plongée après une consommation d’alcool ou de substances psychoactives.

6. Formation et expérience

  • Assurez-vous que vos plongeurs ont une expérience suffisante et sont formés aux plongées profondes.
  • Effectuez des plongées progressives pour permettre une adaptation progressive à la profondeur.

En résumé

En tant qu’encadrant de plongées à 40 mètres, vous jouez un rôle crucial pour prévenir et gérer les effets de la narcose. Ce phénomène, bien que naturel, peut entraîner des comportements irrationnels et des situations dangereuses. Votre mission est de :

  • Planifier soigneusement les plongées.
  • Anticiper les risques en identifiant les plongeurs à risque.
  • Agir rapidement et calmement en cas de problème.
  • Éduquer vos plongeurs sur la narcose et ses dangers.

Avec une bonne préparation, une surveillance attentive et des mesures préventives adaptées, vous pouvez assurer la sécurité et le confort des plongeurs lors de leurs plongées profondes.