N4 – Accidents liés à la pratique de l’apnée

La pratique de l’apnée, bien qu’accessible à de nombreux sportifs, comporte des risques spécifiques liés aux limites physiologiques du corps face à un manque d’oxygène. Deux accidents courants en apnée sont la syncope hypoxique et la perte de contrôle moteur, connue sous le nom de Samba. En tant qu’encadrant ou apnéiste averti, il est crucial de comprendre ces phénomènes, de savoir comment les gérer et, surtout, de les prévenir.

La syncope hypoxique

1. Définition

La syncope hypoxique survient lorsque la concentration d’oxygène dans le sang devient trop basse pour maintenir la conscience. Cela peut se produire pendant une apnée prolongée ou lors de la remontée, lorsque la pression diminue rapidement, réduisant encore davantage l’oxygénation cérébrale.

2. Mécanisme

  • Effet de la pression : En profondeur, la pression partielle d’oxygène est suffisante pour maintenir la conscience, même si la quantité d’oxygène dans le sang diminue. Lors de la remontée, la pression diminue et la pression partielle d’oxygène chute brusquement, ce qui peut entraîner une perte de conscience, surtout à faible profondeur.
  • Épuisement des réserves d’oxygène : Une apnée prolongée entraîne une utilisation progressive de l’oxygène disponible. Si les réserves sont épuisées avant la fin de la remontée, la syncope survient.

3. Symptômes

  • Perte soudaine de conscience (le plongeur “tombe dans les pommes”).
  • Absence de réponse à un stimulus extérieur.
  • Arrêt ou irrégularité respiratoire.

4. Situations à risque

  • Apnée statique ou dynamique prolongée.
  • Remontée rapide après une plongée profonde.
  • Hyperventilation excessive avant la plongée (diminuant le taux de CO₂, qui est le signal principal pour respirer, retardant ainsi le réflexe de respiration).

La perte de contrôle moteur (Samba)

1. Définition

La Samba (ou “shake”) est une perte de contrôle moteur due à une hypoxie légère. Contrairement à la syncope, elle ne provoque pas de perte de conscience, mais elle est un signal d’alerte indiquant que le plongeur est proche de ses limites.

2. Mécanisme

  • L’hypoxie légère affecte la coordination musculaire et la capacité à contrôler ses mouvements.
  • Les signaux neuronaux envoyés aux muscles deviennent désorganisés, entraînant des tremblements ou des spasmes.

3. Symptômes

  • Tremblements incontrôlés (notamment des mains et de la tête).
  • Perte de coordination ou difficulté à effectuer des mouvements simples.
  • Regard fixe ou légèrement absent.
  • Confusion ou difficulté à répondre aux signaux extérieurs.

4. Situations à risque

  • Apnée prolongée sans marge de sécurité.
  • Effort physique intense lors de l’apnée dynamique.
  • Mauvaise gestion de la relaxation ou du stress.

Conduite à tenir en cas de syncope ou de Samba

1. En cas de syncope hypoxique

  • Assistance immédiate : Soutenez le plongeur pour éviter qu’il ne coule. Sortez-le immédiatement de l’eau en le maintenant en position horizontale.
  • Stimuler la respiration : Libérez les voies aériennes et stimulez doucement la respiration en parlant au plongeur ou en tapotant ses joues. Si nécessaire, pratiquez la respiration artificielle si le plongeur ne respire pas spontanément.
  • Surveillance continue : Une fois que le plongeur a repris conscience, surveillez-le attentivement et ne laissez pas reprendre immédiatement une autre apnée.
  • Interdiction de replonger : Une syncope nécessite un repos complet et une évaluation avant de reprendre l’apnée.

2. En cas de Samba

  • Assistance à la surface : Stabilisez le plongeur à la surface et rassurez-le. Encouragez-le à respirer calmement et profondément pour réoxygéner son organisme.
  • Interruption de l’effort : Ne laissez pas le plongeur reprendre immédiatement une autre apnée. La Samba indique que le corps est à la limite de l’hypoxie.
  • Surveillance : Observez les signes d’éventuelles complications ou d’aggravation.

Prévention des accidents liés à l’apnée

1. Techniques de respiration adaptées

  • Éviter l’hyperventilation excessive : Hyperventiler avant une plongée réduit le taux de CO₂, ce qui retarde le réflexe de respiration et augmente le risque d’hypoxie.
  • Respiration diaphragmatique : Apprenez à respirer lentement et profondément pour optimiser la saturation en oxygène sans réduire excessivement le CO₂.
  • Réoxygénation entre les apnées : Accordez suffisamment de temps entre deux apnées pour permettre au corps de se réoxygéner complètement.

2. Respect des limites personnelles

  • Progresser progressivement : Ne cherchez pas à battre vos records personnels à chaque plongée. Respectez vos capacités physiques et mentales.
  • Éviter les efforts excessifs : Pendant une apnée dynamique ou une plongée en profondeur, évitez les mouvements inutiles qui consomment de l’oxygène.

3. Formation et supervision

  • Formation encadrée : Apprenez les techniques d’apnée auprès d’instructeurs qualifiés pour maîtriser les bases de la sécurité.
  • Ne jamais plonger seul : La présence d’un binôme est indispensable pour surveiller et intervenir en cas de problème.

4. Surveillance des signaux corporels

  • Soyez attentif aux signes d’épuisement, de stress ou de manque d’oxygène.
  • Si vous ressentez des contractions involontaires du diaphragme ou une perte de concentration, remontez immédiatement.

5. Préparation physique et mentale

  • Maintenez une bonne condition physique pour augmenter votre tolérance à l’effort.
  • Pratiquez la relaxation pour mieux gérer le stress pendant l’apnée.

En résumé

Les accidents liés à l’apnée, comme la syncope hypoxique et la Samba, sont des conséquences directes du manque d’oxygène lors d’une apnée prolongée ou mal gérée. Ces phénomènes, bien que réversibles, peuvent mettre en danger la sécurité du plongeur. En tant qu’apnéiste ou encadrant, il est essentiel de :

  • Comprendre les mécanismes physiologiques qui mènent à ces accidents.
  • Reconnaître les signes pour intervenir rapidement.
  • Appliquer des mesures préventives basées sur une progression adaptée, une bonne gestion de la respiration, et un encadrement rigoureux.

Avec ces connaissances, la pratique de l’apnée peut rester une activité fascinante, sûre et maîtrisée.