N4 – L’Histoire des tables MN90

La plongée sous-marine expose les plongeurs à des variations de pression qui peuvent entraîner des accidents de décompression si les remontées ne sont pas correctement gérées. Pour prévenir ces risques, des tables de décompression ont été développées au fil du temps. Parmi elles, les tables MN90 (Marine Nationale 1990) sont une référence en France. Ce cours retrace l’historique de ces tables et les premiers accidents de décompression dans l’histoire.

1. L’HISTORIQUE DES TABLES MN90

1.1. Les premières recherches sur la décompression

Les premiers travaux scientifiques sur la décompression remontent au XIXe siècle :

  • Paul Bert (1878) : physiologiste français qui démontre que la formation de bulles d’azote dans le sang est responsable des accidents de décompression.
  • John Scott Haldane (1908) : physiologiste britannique qui développe le concept des compartiments tissulaires et conçoit les premières tables de décompression pour la Marine britannique.

1.2. L’évolution des tables de décompression

  • 1915 : L’US Navy adopte des tables basées sur les travaux de Haldane.
  • 1937 : Publication des premières tables de décompression modernes par l’US Navy.
  • 1957 : Le Dr Albert A. Bühlmann en Suisse développe des modèles mathématiques plus précis sur la saturation et la désaturation des gaz inertes.
  • 1965 : La France publie les tables GERS65 (Groupe d’Études et de Recherches Sous-marines), précurseurs des MN90.
  • 1990 : La Marine Nationale Française met en place les tables MN90, améliorées en fonction des avancées scientifiques et de l’expérience de terrain.

1.3. Caractéristiques des tables MN90

Les MN90 sont conçues pour :

  • Gérer la décompression en plongée avec air jusqu’à 60 m.
  • Fournir des paliers de décompression en fonction du temps et de la profondeur.
  • Offrir une marge de sécurité importante pour limiter les accidents.

Malgré leur popularité, ces tables sont progressivement remplacées par les ordinateurs de plongée et les modèles basés sur Bühlmann ZH-L16C.

2. LES PREMIERS ACCIDENTS DE DÉCOMPRESSION

Les accidents de décompression ont été observés bien avant la compréhension de leurs causes.

2.1. Les ouvriers des cloches de plongée (XVIe – XIXe siècle)

  • Dès le XVIe siècle, les ouvriers utilisant des cloches de plongée signalent des douleurs et paralysies après des remontées rapides.

2.2. La “maladie des caissons” (XIXe siècle)

  • Lors de la construction du pont de Brooklyn (années 1870), de nombreux ouvriers travaillant dans des caissons hyperbares souffrent de douleurs, paralysies et même de décès après la remontée.
  • Paul Bert (1878) démontre que ces symptômes sont dus à la formation de bulles d’azote dans le sang.

2.3. Les premiers accidents de décompression en plongée (XXe siècle)

  • Avec l’arrivée des scaphandres autonomes, les plongeurs militaires et civils commencent à souffrir d’accidents de décompression.
  • Les recherches militaires américaines et françaises mènent aux premières tables de décompression officielles (Haldane, US Navy, GERS65, MN90).

3. CONCLUSION

Les tables MN90 sont le fruit d’une longue évolution scientifique et technique visant à réduire les accidents de décompression. Aujourd’hui, bien que leur usage soit toujours enseigné, les ordinateurs de plongée prennent progressivement le relais en offrant une gestion plus dynamique de la décompression. Comprendre cet historique permet aux plongeurs Niveau 4 de mieux appréhender l’importance des protocoles de remontée et d’assurer la sécurité des palanquées.

Points Clés à Retenir :

  • ✅ Les MN90 sont basées sur les recherches de Haldane et Bühlmann.
  • ✅ L’US Navy et le GERS ont joué un rôle clé dans leur développement.
  • ✅ Les premiers accidents de décompression sont apparus avec les travailleurs en cloche et caissons hyperbares.
  • Paul Bert a été le premier à expliquer scientifiquement ces accidents.
  • ✅ Les ordinateurs de plongée remplacent progressivement les tables traditionnelles.